Une campagne d’interventions chirurgicales de la maladie de noma se tient du 16 au 30 avril prochains à l’hôpital militaire de Douala, à l’initiative de l’association Noma Fund créée par les légendes du football Roger Milla et Joseph Antoine Bell. Le noma est une maladie nécrosante destructrice de la bouche et du visage qui touche principalement les enfants âgés de 2 à 6 ans souffrant de malnutrition, vivant dans l’extrême pauvreté et dont le système immunitaire est affaibli. Près de 90 % en meurent en l’absence d’un traitement. Chez les survivants, de graves mutilations faciales, des difficultés à parler et manger et une stigmatisation sociale… sont souvent observées.
Cette maladie peut être soignée si elle est détectée et prise en charge précocement. Dans le cadre de cette campagne, une équipe de spécialistes français et camerounais s’attèlent à « réparer » gratuitement les visages des patients atteints de noma et d’autres malformations faciales, comme le bec de lièvre. « Notre visage est très important. Je vous le montre parce que je n’ai aucun problème. Eux qui ont des problèmes au visage, ils sont en prison toute leur vie jusqu’à ce que Dieu arrive comme il est arrivé. Et là, nous sourions parce qu’eux, quand ils sortent de l’opération, ils nous sourient », a déclaré l’ancien gardien de but des Lions indomptables à la radio nationale. Plus de 50 enfants ont été opérés lors de la première édition en 2022, apprend-on.
Roger Milla et Joseph Antoine Bell ont décidé de mettre leur notoriété pour soutenir la lutte contre le noma, encore dénommé « visage de la pauvreté ». Ils sont soutenus dans cette œuvre par d’autres grands noms du football camerounais, à l’instar de Samuel Eto’o, Patrick Mboma, François Omam-Biyik et Rigobert Song. « Le Projet “Agir contre le Noma 2021-2030”, que j’ai l’honneur de parrainer avec d’autres anciennes gloires du football, vise à éliminer cette maladie à l’horizon 2030 dans les pays africains. Pour ce faire, il prévoit un grand plan de sensibilisation et de mobilisation, ainsi que la mise en place de structures de prise en charge rapide et de réinsertion des victimes de la maladie de noma », indique Roger Milla.
L’association Noma Fund ambitionne de construire un hôpital de référence régional en Afrique. « Actuellement, les rares cas traités sont pris en charge dans des hôpitaux spécialisés européens à très fort coût, payés par certaines associations humanitaires aidant ponctuellement à travers une chaîne de solidarité », affirme Roger Milla. Le projet sera réalisé sur un terrain de 15 000 m2 près de l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen, mis à disposition par l’État du Cameroun, selon nos informations. Ce complexe hospitalier sera spécialisé dans la chirurgie réparatrice maxillo-faciale et permettra d’opérer « gratuitement » les milliers d’enfants défigurés par le noma. Un centre d’accueil dans 10 pays africains viendra compléter le projet. En attendant, une pétition en faveur de la lutte contre le noma a été mise en ligne « afin d’accélérer les différentes actions visant à éradiquer la maladie ».
Patricia Ngo Ngouem
