Le G27, le groupe des 27 hauts cadres du Social Democratic Front (SDF) entrés en guerre ouverte contre la direction du parti, a officiellement fait savoir qu’ils ne prendraient pas part à la réunion du National Executive Committee (NEC) convoquée le week-end prochain à Yaoundé. « Au moment où nous parlons, nous apprenons que le président national a convoqué une autre réunion du NEC ce week-end à Yaoundé. Nous voulons informer le grand public (…) que nous ne participerons pas à cette réunion du NEC pour ne pas légitimer davantage les violations de texte et autres illégalités. Nous ne voulons pas siéger dans un NEC où le président national viendra imposer sa volonté à tout le monde », ont fait savoir les membres de ce groupe au cours d’une conférence de presse tenue hier à Douala.
Ces cadres du SDF, la principale formation de l’opposition, expliquent leur bravade par le fait que « le mandat de l’actuel NEC a expiré depuis le 18 février 2023, mais il n’y a aucun signe de congrès en vue de renouveler le NEC ». Pourtant, ajoutent-ils, « nos statuts stipulent que les formulaires de candidature pour les postes au sein du NEC doivent être disponibles plusieurs mois avant le congrès. Le mandat du NEC actuel étant pourtant expiré comme nous l’avons indiqué, aucune mention n’est faite au sujet dudit congrès ».
Ce n’est pas le seul grief que le G27 du SDF, constitué, entre autres, du député Jean Michel Nintcheu, le 2e vice-président Paul Tchatchouang, ou encore l’ancien secrétaire général Jean Tsomelou, fait à la direction du parti. Le G27 déplore le fait que les fondamentaux du parti aient été bafoués. « Depuis la dernière élection présidentielle, nous nous battons en permanence pour que le SDF retrouve sa vitalité des années 90. Ce combat n’a pas été facile en interne, car la hiérarchie actuelle tente désespérément de freiner des quatre fers pour transformer progressivement le SDF en une coquille vide dans le seul et unique dessein de bénéficier de certains privilèges du régime en place », accuse-t-il.
Cibles principales des « mutins » du SDF, le chairman Ni John Fru Ndi et son protégé, le 1er vice-président, Joshua Osih. Après la débâcle de ce dernier à la dernière élection présidentielle avec 3 % des suffrages, la pire performance du parti, deux commissions ont été créées pour apaiser les tensions nées de cette contre-performance : une commission réconciliation et une commission Action politiques.
D’après le G27, les rapports de ces commissions ont été présentés au NEC avec des recommandations qui ont été toutes adoptées. « De ces rapports, il est ressorti clairement que le véritable problème était le style de gestion du président national Ni John Fru Ndi et du 1er vice-président national Joshua Osih. Plutôt que d’appliquer les recommandations, le président national s’est recroquevillé et, dans une fuite en avant suicidaire, s’est permis de procéder unilatéralement à des nominations antistatutaires au sein du NEC », fustige le G27. Pour ces rebelles du parti, le président national et son premier vice-président manœuvrent ainsi pour « fabriquer une majorité artificielle au NEC afin de créer un rapport de force factice dans la perspective du prochain congrès du parti ».
« Ces manœuvres indigestes montrent à suffisance l’intention du président national de garder une main totalement biaisée et outrancièrement partisane sur la sélection des délégués dans la perspective de la prochaine convention du parti afin d’imposer son dauphin putatif à la tête du parti pour passer de 3 % à moins de 1 % et consacrer ainsi les funérailles avant l’enterrement du parti », fustigent-ils.
La déchirure du SDF se poursuit également devant les tribunaux où le chairman est trainé par le G27 pour non-respect des textes du parti.
L.A.
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