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Exclusion de Michèle Ndoki du MRC : railleries en interne, critiques en dehors

Exclusion de Michèle Ndoki du MRC : railleries en interne, critiques en dehors

Paru le vendredi, 14 juillet 2023 13:56

Au lendemain de son exclusion des rangs du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Michèle Ndoki n’a pour l’instant reçu aucune marque de sympathie au sein de son ancienne famille politique. Les seuls qui commentent cette exclusion raillent l’avocate de 50 ans. C’est le cas de Laure Noutchang, ancienne conseillère municipale du parti dans l’arrondissement de Douala IV, qui s’est empressé de faire un long direct vidéo sur Facebook pour se réjouir.

Mais contrairement aux apparences, cette décision n’est pas du goût de tous les militants. Au sommet du MRC, on reconnait bien qu’elle a de nombreux affidés parmi les militants et pourtant, ils sont tous restés atones. « Les ndokizards semblent être sous le choc ce soir. Ils étaient persuadés que leur cheffe de file était intouchable. Leur drame est qu'on les a laissés eux dans la boîte, complètement perdus sans Michou, expulsée ! », a posté Aïssatou Bouba Dalil, la secrétaire nationale du MRC chargée du développement, du tourisme, de la protection des forêts, de la faune et de l'environnement. « Faire la politique avec Pa'a Kamto est particulièrement savoureux. Lui vous regarde vous agiter hein, il ne dit rien. Mais quand il décide de frapper, c'est un seul coup et tu tombes KO », renchérit-elle. 

Critiques

Cette exclusion n’a par contre pas été épargnée par la critique en dehors du MRC. Plusieurs internautes ont republié les déclarations de Maurice Kamto, le leader du MRC, qui expliquait sur Canal 2 que son parti n’a pas prévu une disposition qui exclue ses membres. Des intellectuels ont aussi participé à ce concert de critiques.

« Avec ce qui s'est passé au MRC ce soir… Impossible de ne pas penser à cet ouvrage qui décrit avec force et détails comment les peuples, dans une forme de transe collective, fabriquent eux-mêmes des dictateurs, des autocrates, qui deviennent plus tard leurs bourreaux », analyse le politologue Njoya Moussa en faisant référence à un livre de la journaliste et philosophe allemande Hannah Arendt sur les origines du totalitarisme. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que cette critique est une pique envoyée à Maurice Kamto. Cette opinion n’est pas isolée.

Déchirure

Il faut dire que depuis sa libération en octobre 2019 après huit mois passés derrière les barreaux, les relations entre Michèle Ndoki et Maurice Kamto se sont considérablement dégradées. La première était pourtant présentée en 2018 comme une fidèle de la garde rapprochée du second.

La première friction publique intervient quand l’avocate marque ouvertement sa déception après la décision du directoire du MRC de ne pas participer aux élections municipales et législatives de février 2020. Depuis cet évènement, Michèle Ndoki évoluait comme un Marverick au sein de sa famille politique. Ce terme est utilisé en politique pour désigner toute personne qui n’hésite pas à s’affranchir de la tutelle pour faire entendre sa voix.

A ses proches, elle confie qu’elle rêve d’une opposition qui s’érige en force de propositions. Pour elle, le MRC peut faire la politique de manière civilisée. Un virage idéologique qu’elle souhaite partager avec ses camarades. En juin 2022, elle défraie la chronique en annonçant sa candidature à la présidence du MRC en direct sur une chaine de télévision locale.

« Les Bâtisseurs »

Le 12 juin, Christopher Ndong, le secrétaire général du MRC, dépose une plainte contre elle auprès du Comité national de médiation et d’arbitrage (CNMA). Il accuse Michèle Ndoki d’allégations mensongères et diffamatoires à l’encontre de Maurice Kamto et du parti. Cette accusation se rapporte à une déclaration publique de l’avocate : « aucune exclusion, aucune manœuvre d’intimidation, aucune opération de boycott de concert, aucun sabotage de boutique pendant la nuit, aucune agression d’artiste, aucune campagne de dénigrement (…) Ce parti n’appartient pas à Maurice Kamto ».

Pour les membres du CNMA, au vu de ces propos, l’accusation de Christopher Ndong est avérée. Tout comme celle concernant la remise en cause de l’authenticité des statuts rendus publics sur le site Internet du parti… Le secrétaire général reproche aussi à Michèle Ndoki de mener des activités antipartis, comme la création d’un mouvement dénommé Les Bâtisseurs. Dans le mémoire de réponses qu’elle a adressé au CNMA le 22 juin, Michèle Ndoki réfute cette dernière accusation.

La décision de l’exclure est prise le 6 juillet dernier et soumise au directoire, qui va la valider avent sa publication. Et le moins qu’on puisse dire c’est que cette décision est loin de surprendre la concernée. Lors d’un récent point de presse à Yaoundé, elle a confié aux journalistes : « ne soyez pas surpris que je ne sois plus du MRC ».

Michel Ange Nga

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