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Des prix Nobel font pression pour inscrire la crise anglophone à l’ordre du jour du Conseil de sécurité de l’ONU

Des prix Nobel font pression pour inscrire la crise anglophone à l’ordre du jour du Conseil de sécurité de l’ONU

Paru le mercredi, 24 juin 2020 07:28

Inscrire la crise anglophone à l’ordre du jour de la prochaine réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies et à toutes les sessions de l’Unoca (Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique central) devant le Conseil de sécurité. C’est le leitmotiv de « L’action mondiale pour la paix et la justice au Cameroun ».

Ce cercle international de réflexion vient de lancer un appel au cessez-le-feu au gouvernement du Cameroun et aux groupes armés séparatistes engagés dans un conflit qui dure depuis presque quatre ans dans ces régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NoSo).

Dans ce document, le think tank interpelle par ailleurs l’Union africaine, les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies, le Commonwealth, la Francophonie. Il demande à ces organisations d’utiliser également « tous les instruments de pression à leur disposition pour exhorter la République du Cameroun à appeler à un cessez-le-feu ».

Si les noms des soutiens camerounais à cette initiative « sont intentionnellement maintenus confidentiels », selon le manifeste de l’initiative, la liste de ses signataires met en exergue plusieurs figures connues de la scène internationale. On y retrouve des lauréats du prix Nobel de la paix, dont le Dr Denis Mukwege (2018), Pr Muhammad Yunus (2006), les anciens présidents José Ramos-Horta (Timor-Leste, 1996) et Frederik de Klerk (Afrique du Sud, 1993).

Des têtes couronnées de la diplomatie mondiale ont également paraphé cette invite à l’arrêt des combats entre les belligérants. C’est le cas de plusieurs anciens ambassadeurs des États-Unis au Cameroun tel que Niels Marquardt, John Yates ou encore Harriet Isom.

Prise en charge des cas de Covid-19 du NoSo

Pour les porteurs du projet, le cessez-le-feu vise à permettre une meilleure prise en charge des cas coronavirus dans le NoSo.  « Le Cameroun fait partie des pays africains les plus touchés par le coronavirus et le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest risque d’aggraver la situation », prévient le think tank.

Avec environ 12 000 cas positifs et plus de 300 morts de la Covid-19, le Cameroun est le pays le plus touché par la pandémie en Afrique centrale. Les affrontements armés et l’insécurité qui prévalent dans la zone anglophone du pays depuis 2017, empêchent les travailleurs humanitaires d’accéder à ces zones. « Ceci pourrait constituer un facteur aggravant de la situation épidémiologique », explique Howard Catton, directeur exécutif du Conseil international des infirmières, une organisation basée à Genève. « Nous croyons que l’accès aux soins de santé fait partie des droits de l’Homme. Et on ne doit pas attaquer le personnel humanitaire », ajoute-t-il.

Coup d’épée dans l’eau ?

Pour l’heure rien ne garantit que cet appel sera entendu ou non. Toujours est-il que ce n’est pas la première fois qu’une telle initiative est mise en œuvre dans le cadre de la crise anglophone.  Au mois de mars dernier, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lancé un appel similaire depuis New York à l’adresse des régions en crise, dont le Cameroun.

Selon le 18e rapport sur « la situation en Afrique centrale et les activités du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale », seule l’APLM-Socadef, une des milices acquises à la cause séparatiste a déclaré un cessez-le-feu. 

Le gouvernement camerounais n’a pas encore réagi à cet appel. Mais le colonel Didier Badjeck, ancien conseiller technique au ministère de la Défense (Mindef) et ancien responsable de la division de la communication au Mindef, estime qu’il revient aux séparatistes d’entendre ce nouvel appel au cessez-le-feu.

« Personne n’est d’accord avec le fait qu’il y ait plus de morts, car un mort c’est un mort de trop. Pour la pandémie effectivement ça peut être difficile. Il faudrait que ces gens retrouvent la raison et qu’ils saisissent la perche qui leur a été tendue déjà depuis un certain moment », a déclaré l’ancien officier de l’armée interrogé par nos confrères de Deutsche Welle.

Le 30 novembre 2018, le président de la République, Paul Biya, a créé un le Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration des ex-combattants du Boko Haram et des groupes armés des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et ne cesse de multiplier des appels à déposer les armes.

« Je saisis également l’occasion de cette fête de la jeunesse pour, une fois de plus, lancer un appel à nos jeunes compatriotes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Ceux qui se sont laissés enrôler dans des bandes armées et qui continuent d’entretenir un climat d’insécurité dans ces deux régions doivent déposer les armes, à l’exemple de ceux, nombreux, qui l’ont déjà fait et qui vivent tranquillement au sein de nos communautés. », a-t-il déclaré le 10 février 2020, à l’occasion de la 54e édition de la fête nationale de la jeunesse.

Baudouin Enama

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