Rumeurs, idées reçues, clichés, superstitions, légende : qui dit vrai ? qui dit faux ?
En plein Coronavirus, un mandat d’incarcération émis contre le journaliste Christophe Bobiokono

En plein Coronavirus, un mandat d’incarcération émis contre le journaliste Christophe Bobiokono

Paru le mercredi, 01 avril 2020 17:09

Les journalistes camerounais Christophe Bobiokono, directeur de publication du journal Kalara et sa collaboratrice Irène Mbezele, se sont rendus ce mercredi 1er avril 2020, à la délégation régionale de la sûreté nationale pour le Centre. Ils y étaient attendus dans le cadre de l’exécution de deux mandats d’incarcération pour une durée de deux ans émis à leur encontre le 20 décembre dernier par le Tribunal de première instance de Yaoundé (TPI Centre administratif).

Les deux journalistes avaient été condamnés à « des peines de prison avec sursis à la suite d’une audience correctionnelle d’une longueur particulièrement inédite de près de 20 heures d’affilées de débats pour “diffamation” et “outrage à corps constitué”, suite à une plainte de Fostine Fotso Chebou Kamdem, avocate et député à l’Assemblée nationale à l’époque des faits », explique une note d’information commise par la rédaction du journal Kalara. Ces condamnations étaient assorties des sanctions pécuniaires à hauteur de 13 millions de FCFA (amendes et dommages-intérêts), dont le non-acquittement ouvrait la voie à l’incarcération des deux accusés.

Pour Christophe Bobiokono, qui est par ailleurs membre du Conseil national de la Communication (CNC) et de la Commission nationale des droits de l’Homme et des libertés (CNDHL), de « multiples » irrégularités ont émaillé le traitement de cette affaire. « Nous avons été surpris d’apprendre il y a deux jours que dans un nouveau dépassement extraordinaire de fonction, le président du TPI de Yaoundé (Centre administratif) a saisi par écrit, le 26 mars 2020, le chef de la division régionale de la Police judiciaire (DRPJ), pour demander l’exécution des mandats d’incarcération émis le 20 décembre 2019, à la place du procureur de la République près ledit TPI, du reste légalement chargé de faire exécuter les décisions de justice », déclare-t-il.

Débat

Au sein de l’opinion, la décision d’exécuter ces mandats d’incarcération par justice divise. Certains observateurs pensent que la justice doit faire son travail. Mais l’autre partie de l’opinion questionne l’« inopportunité » de cette action dans le contexte de pandémie du COVID-19.

« Par ces heures de coronavirus, nous avons besoin d’union nationale pour combattre ce tueur. Mobilisons-nous contre cette pandémie et laissons de côté les questions clivantes. S’il vous plait, laissez ces deux journalistes libres », a commenté Ferdinand Nana Payong, consultant en communication proche des milieux politiques. Dans la même lancée, Bouba Moglo, journaliste reconverti à la communication institutionnelle, pense que « traquer le Coronavirus doit être le combat en ce moment et non traquer Kalara et le journalisme d’investigation ».

Dans les milieux de la presse au Cameroun, l’affaire fait également jaser. Beaucoup ne comprennent pas cette sévérité de la justice contre ce professionnel aguerri. Ceci d’autant plus que des acteurs de la société civile plaident pour la décongestion des prisons camerounaises au vu des conséquences que pourrait y avoir l’épidémie de Covid-19.

BE

Lire aussi:

31-03-2020- L’Ordre des avocats du Barreau du Cameroun redoute une crise sanitaire et sécuritaire dans les prisons

Dernière modification le mercredi, 01 avril 2020 17:11

● E-Arnaques


● Fact Cheking




 

Please publish modules in offcanvas position.