Rumeurs, idées reçues, clichés, superstitions, légende : qui dit vrai ? qui dit faux ?
Affaire Martinez Zogo : retransmission des audiences, constitution de la DGRE en partie civile… cristallisent les débats

Affaire Martinez Zogo : retransmission des audiences, constitution de la DGRE en partie civile… cristallisent les débats

Paru le mardi, 26 mars 2024 04:58

Dans l’affaire de l’assassinat de l’animateur Martinez Zogo, trois principaux points ont articulé la première audience, ce 25 mars au Tribunal militaire de Yaoundé : la lecture des lettres des parties constituée, la présentation des avocats et les observations préliminaires. C’est sur ce dernier point que les avocats des différentes parties ont eu de vifs débats qui ont duré environ 4 heures.

Le premier point d’achoppement est la demande de retransmission en direct du procès formulée par Me Charles Tchoungang, avocat de l’homme d’Affaires Jean Pierre Amougou Belinga. Ce à quoi s’est opposé Me Samuel Jacques Mbuny, avocat du lieutenant-colonel Justin Danwe, ancien directeur des opérations de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), considéré comme le cerveau de l’opération d’assassinat, qui dans un premier temps a demandé un huis clos partiel.

« Vous avez 17 accusés parmi lesquels 14 sont de la DGRE. (…) J’ai estimé que pour certaines déclarations, il fallait un huis clos partiel. C’est-à-dire que même si l’audience est publique, il fallait qu’on ait de la réserve. J’ai eu à retirer cette demande par la suite, lorsque qu’au cours de cette audience, un avocat s’est levé pour dire qu’il a été constitué par l’État du Cameroun comme parie civile. On nous a lu son mandat qui est signé du directeur général de la DGRE », a expliqué ce dernier.

Constitution de la DGRE en partie civile

Me Mbuny dit avoir ressenti « une cassure ». Car, poursuit-il, « ce que nous voulions protéger n’avait plus lieu d’être protégé, puisque la DGRE vient au procès comme partie civile ». Et d’ajouter : « Si le tribunal veut qu’il décide d’un huis clos d’office, mais, pour moi, à partir du moment où la DGRE ne vient pas pour soutenir ses anciens éléments, mais contre eux, les jeux sont faits. Tout le monde va défendre sa peau ».

Une posture de la DGRE que Me Claude Assira trouve normale. L’avocat mandaté par le service de contre-espionnage explique que ce service veut s’assurer que les débats ne vont pas se faire à son désavantage. En se constituant partie civile, le DGRE veut « protéger son image », explique Me Assira. En plus, ce service secret veut éviter d’être « civilement responsable » de l’assassinat du chef de chaine d’Amplitude FM. Ce qui entrainerait le paiement de dommages aux ayants droit.

« L’État ne serait civilement responsable que si on venait à démontrer que les ordres qui ont été donnés à ses agents et qui ont entrainé ces conséquences n’étaient pas des fautes détachables du service. C’est ce qui va être tout l’enjeu de la discussion ici », justifie Me Assira. L’avocat ajoute, « l’État a besoin de le savoir dans l’absolu pour respecter sa dignité, pour que le respect qui lui est dû puisse être reconstitué. S’il estime que ce n’est pas des ordres qu’il a donnés, il faudrait que cette position puisse prévaloir ».

Acte de mariage contesté

L’avocat du lieutenant-colonel Justin Danwe n’était pas le seul à grimacer de la constitution d’une partie civile. Me Tchougnang a dénoncé le fait que la famille de Martinez Zogo soit représentée par deux collèges d’avocats : l’un pour défendre les intérêts d’une compagne du journaliste et ses enfants, l’autre représentant ses frères et sœurs ainsi que d’autres enfants et leur mère. Une situation tout à fait normale, selon les avocats des parents de l’animateur. Me Crépin Ndjodo, l’un de ces avocats, défend qu’à ce niveau des débats, tout le monde qui a intérêt peut se constituer partie civile.

Pour Me Tchoungang, le tribunal devrait rejeter la constitution en partie civile du camp de Mme Zogo Dorothée née Nzie, au motif que l’acte de mariage qui a lié la victime à cette dernière est un faux. L’avocat justifie sa position par le fait que le document signé à la mairie d’Ebebda comporte le nom « Martinez Zogo », signature de l’animateur, au lieu de celui d’Arsène Mbani Zogo. Ce qui rend illégal l’union des deux époux et par conséquent n’autorise pas le camp Dorothée Marie Zogo née Nzie à se constituer en partie civile.

Mais pour certains avocats de la partie civile, il s’agit là de considérations périphériques destinées à faire traîner les débats et empêcher que la vérité soit faite. Pour Me Assira, « il fallait s’attendre à ce débat sur la constitution en partie civile ». Il avoue que c’est de bonne guerre, et qu’à la place de ses confrères, il aurait fait la même chose, mais « élégamment ». Le procès a été renvoyé au 15 avril prochain pour les conclusions du juge sur les observations liminaires soulevées par les avocats.

Ludovic Amara

Lire aussi :

Affaire Martinez Zogo : 17 personnes devant la barre, dont trois agents de la DGRE accusés d’assassinat

Dernière modification le mardi, 26 mars 2024 05:35

● E-Arnaques


● Fact Cheking




 

Please publish modules in offcanvas position.