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Eseka : Cabral Libii obtient un sursis au maire menacé de destitution par ses camarades du PCRN

Eseka : Cabral Libii obtient un sursis au maire menacé de destitution par ses camarades du PCRN

Paru le jeudi, 17 février 2022 13:54

Il a fallu à Cabral Libii huit heures de réunion pour arracher un sursis pour Sylvain Moïse Tjock, le maire de la commune d’Eseka, dans le département du Nyong-et-Kelle. Ces derniers jours, un groupe de 18 conseillers municipaux frondeurs du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) demandaient une session extraordinaire pour destituer leur camarade. Le président du PCRN, opposé à cette destitution, a obtenu des deux parties qu’elles s’accordent sur un protocole. De sa mise en œuvre, qui sera évaluée dans trois mois, dépendra le sort du maire.

Ce protocole stipule que le maire s’engage à satisfaire un ensemble de doléances formulées par les frondeurs. Ces derniers ont toute cette journée pour rédiger l’ensemble de leurs récriminations. Pour ne pas faire mauvaise publicité, le PCRN tient à ce que ces doléances ne soient pas communiquées. Toutefois, comme le fait remarquer une source proche de ce dossier, les reproches contre le maire ne sont vraiment plus un secret.

D’ailleurs, pendant la réunion, les conseillers municipaux mécontents se sont plaints de n’être pas suffisamment associés à la gestion de la mairie. Mais aussi d’être « méprisés » par le maire, comme le rapporte une source proche des frondeurs. En plus, la récente grève du personnel, qui réclamait des arriérés de salaire, est perçue comme une couche supplémentaire à toutes les accusations d’incompétence formulées à l’endroit de Sylvain Moïse Tjock.

Notre source ajoute aussi que les responsables du PCRN n’ont pas été épargnés pendant la longue réunion qui se tenait dans la salle polyvalente de la mairie. Plusieurs conseillers municipaux leur reprochent d’être en partie responsables de cette crise pour avoir imposé Sylvain Moïse Tjock à la tête de cet exécutif municipal.

Une paix précaire

Quoi qu’il en soit, les frondeurs ne se sont pas montrés opposés à la démarche de paix proposée par leur leader national. C’est pourquoi ils ont accepté en retour de lâcher du lest. La semaine prochaine, ils ont donc promis de participer à une session extraordinaire du conseil municipal pendant laquelle le budget de l’année 2022 sera examiné et soumis au vote. Depuis deux mois, la mairie d’Eseka fonctionnait avec un budget provisoire à cause de cette crise.

Cabral Libii quitte Eseka après avoir obtenu une paix précaire qu’il va devoir surveiller comme de l’huile sur le feu. Il a pour cela fait le voyage d’Eseka en compagnie de Joseph Félix Nyeck Biyaga, un de ses proches à qui il a récemment confié le soin de gérer le Comité de suivi des collectivités territoriales décentralisées contrôlées par le PCRN. Cette nouvelle instance, créée au début de ce mois, a pour mandat de régler tous les problèmes qui existent au sein des mairies contrôlées par le PCRN, soit sept au total (cinq dans le Nyong-et-Kelle, une dans la Sanaga maritime et une dernière dans le Nkam).

Eseka est donc le premier défi pour ce comité. Et il n’est pas question de se louper parce que cette commune revêt un caractère symbolique pour le PCRN, qui la reprise aux mains de l’Union des populations du Cameroun (UPC) lors des municipales de février 2020. La carte politique sortie de ces élections présente le Nyong-et-Kelle comme la base du PCRN. Un fief qu’il faut conserver lors des échéances électorales futures, en commençant par Eseka, la principale ville de ce département de la région du Centre.

Refermer les fissures

La tâche est loin d’être facile. Au PCRN, on avoue sous cape que les mairies dans le Nyong-et-Kelle traversent en ce moment une zone de turbulence. « Le problème du PCRN est que beaucoup d’élus sont entrés [en politique] pour soutenir Cabral Libii, ils ne se voyaient pas assumer des responsabilités. Maintenant, il faut les former. On ne pouvait pas échapper à ce piège », explique Joseph Félix Nyeck Biyaga.

En attendant ces formations, Cabral Libii est au chevet des maires en difficulté. Il a initié une tournée parlementaire dans le Nyong-et-Kelle. La première étape, du 7 au 10 février dernier, l’a amené à séjourner dans les arrondissements de Biyouha et de Messondo (un peu plus du tiers du territoire de ce département). Loin des bains de foule avec les populations, le député a tenté de refermer les lézardes entre militants, comme l’avoue un de ses proches.

Michel Ange Nga

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