Rumeurs, idées reçues, clichés, superstitions, légende : qui dit vrai ? qui dit faux ?
Marcel Niat Njifenji : le successeur constitutionnel

Marcel Niat Njifenji : le successeur constitutionnel

Paru le lundi, 18 janvier 2021 13:41

C’est Paul Biya lui-même qui a choisi ce natif de Bangangté (dans la région de l’Ouest) pour gérer la transition en cas de vacance de la présidence de la République pour cause de décès, de démission ou d’empêchement définitif. Marcel Niat Njifenji, qui a fêté son 86e anniversaire le 26 octobre 2020, est en effet devenu le tout premier président du Sénat le 12 juin 2013 après avoir été nommé sénateur par le président de la République. Ce dernier le reçoit d’ailleurs au palais de l’Unité quelques jours après. À l’occasion, le président de la Chambre haute dit sa « gratitude » et sa « reconnaissance infinie » au chef de l’État pour « sa confiance ».

Ce choix est une surprise pour l’opinion tant celui qui est devenu la deuxième personnalité du pays était tombé dans l’oubli après son remplacement à la tête de la mairie de Bangangté en 2007 par l’actuel ministre de l’Habitat et du Développement urbain, Célestine Kectha Courtès. Un retrait de la vie publique débuté en 2001 avec la privatisation de la Société nationale d’électricité (Sonel). Une entreprise que cet ingénieur, formé à l’École supérieure d’électricité de Paris, a dirigée pendant près de deux décennies, cumulant à un moment cette fonction avec celle de vice-Premier ministre chargé des Mines, de l’Eau et de l’Énergie.

Pour beaucoup d’analystes, Paul Biya a fait le choix de la loyauté. Il faut dire que les deux commis de l’État, qui ont fait leurs études en France, ont débuté leur carrière administrative dans les années 60. Niat, qui est le cadet d’un an du président de la République, a surtout été un soutien de poids lors du retour au multipartisme dans les années 90. Face à l’essor du Social Democratic Front (SDF) dans la région de l’Ouest, il se constitue en rempart du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), au pouvoir. L’ancien ministre a même mis en place le Cercle de réflexion et d’action pour le triomphe du renouveau (Cratre).

Mais cette promotion inattendue est loin d’avoir refait l’aura politique de ce membre du Comité central du RDPC. « Son leadership est contesté jusqu’à dans son Ndé natal », fait observer un fin connaisseur de la politique locale. « Si ça ne tenait qu’à lui, Célestine Kectha Courtès n’aurait par exemple jamais été nommée ministre », ajoute-t-il pour montrer que la deuxième personnalité du pays n’est pour autant pas le faiseur de rois dans sa région d’origine. La défaite de son fils Éric, qui convoitait la tête de l’exécutif municipal de la mairie de Bangangté après l’élection municipale du 9 février 2020, tant à le confirmer.

Pour nombre d’analystes, cela tient aussi au fait que le Sénat joue en réalité un rôle consultatif en matière législative. Dans l’essentiel des cas, ses avis sur les textes de loi sont en dernier ressort soumis à l’examen de l’Assemblée nationale. Le pouvoir du président de cette Chambre, qui représente les collectivités territoriales décentralisées (communes et régions), tient donc en réalité de son rang protocolaire et surtout de son statut de dauphin constitutionnel.

AO

Dernière modification le lundi, 18 janvier 2021 13:43

Please publish modules in offcanvas position.