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Affaire Martinez Zogo : la requalification des faits en assassinat pas encore acquise

Affaire Martinez Zogo : la requalification des faits en assassinat pas encore acquise

Paru le jeudi, 29 février 2024 03:33

Dans la procédure judiciaire en cours depuis un an, pour faire la lumière sur la mort de l’animateur Martinez Zogo, le commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire de Yaoundé vient de faire des réquisitions supplétives auprès du juge d’instruction. Le lieutenant-colonel Cerlin Belinga y sollicite la requalification des faits pour cinq accusés. Le commissaire du gouvernement a ainsi demandé que le lieutenant-colonel Justin Danwe, ex-directeur des opérations à la direction générale de la recherche extérieure (DGRE), le contre-espionnage camerounais, et Martin Savom, maire de la commune de Bibey (Haute-Sanaga), soient inculpés pour « complicité d’assassinat ». Tandis que l’accusation d’« assassinat » est requise pour trois membres du commando ayant enlevé et torturé le chef de chaine d’Amplitude FM, d’après de premiers éléments de l’enquête.

Cependant, la requalification des faits n’a pas encore été approuvée par le juge d’instruction, Pierrot Narcisse Nzié. « Des notifications ont été faites à cinq mis en examen, concernant une demande de requalification en assassinat et en complicité d’assassinat. Les gens ont pensé que c’était une requalification. Sauf qu’en échangeant avec le juge d’instruction, il m’a fait comprendre que le commissaire du gouvernement a juste fait des réquisitions supplétives tendant à inculper ces cinq personnes sous cette nouvelle qualification ».

Cette démarche s’appuie d’ailleurs sur l’article 145 du code de procédure pénale qui dispose que « le procureur de la République peut, à toute étape de l’information judiciaire, par un acte appelé réquisitoire supplétif, requérir le juge d’instruction de faire tous actes qui lui paraissent nécessaires à la manifestation de la vérité, et, spécialement, de procéder à de nouvelles inculpations ». Cela dit, « rien à ce stade n’est définit, il (le juge d’instruction) a encore la possibilité de rejeter avec une ordonnance de refus, comme il peut accepter », temporise Me Calvin Job.

Nouvel élan

Ces réquisitions supplétives constituent néanmoins une avancée notable dans la procédure judiciaire. Sous-anonymat, un magistrat dit avoir été surpris par les accusations de « torture, complicité de torture, omission de porter secours, arrestation et séquestration aggravées en coaction et violation de consigne en coaction » qui ont été retenues contre les accusés, ceci au regard des faits rapportés dans les enquêtes des officiers de police judiciaire. La démarche du commissaire du gouvernement viserait donc à mettre les inculpations au niveau de ces faits.

À noter que les nouvelles réquisitions du commissaire du gouvernement interviennent après qu’un nouvel élan ait été donné à cette affaire lorsque le 13 décembre 2023, le président de la République nomme Pierrot Narcisse Nzié comme juge d’instruction au Tribunal militaire de Yaoundé. Et le 18 décembre, le président du Tribunal, le colonel Jacques Baudouin Misse Njoné, confie l’instruction de l’affaire au lieutenant-colonel Pierrot Narcisse Nzié, au détriment du lieutenant-colonel Sikati Kamwo, jusque-là en charge de l’affaire.

Le juge d’instruction Sikati Kamwo a été dessaisi du dossier Martinez Zogo après avoir été au cœur d’un imbroglio judiciaire. Début décembre en effet, des fuites de documents révèlent que cet officier supérieur a signé une ordonnance de mise en liberté de deux accusés clés dans l’affaire : l’homme d’affaires Jean Pierre Amougou Belinga et Léopold Maxime Eko Eko, ex-patron du contre-espionnage. Tous les deux soupçonnés d’avoir commandité l’assassinat du journaliste. Après une série de démentis, les deux accusés sont restés sous les verrous.

Ludovic Amara  

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